Premiers retours sur la variété résistante Souvignier gris
Ses baies sont roses, ce qui est peu courant parmi les cépages les plus cultivés en France. Cependant, sa plus grande particularité est qu’il résiste à l’oïdium et au mildiou. Il tient cette résistance d'un de ses proches, le Bronner (l'autre est le Cabernet Sauvignon). Il s'appelle Souvignier gris, une des variétés résistantes actuellement autorisées en France.
L'IFV peut confirmer que Souvignier gris possède au moins un gène de résistance à l'oïdium : Ren 3.
Pour Thierry Grimal de la Chambre d'Agriculture de l'Aude, responsable du domaine expérimental de Cazes dans l'Aude, le Souvignier gris est un cépage intéressant à plusieurs titres : sa résistance à l'oïdium et au mildiou a été confirmée sous le label conditions de la cave. « En 2018, année de forte pression du mildiou, nous avons vu des fructifications sur les feuilles mais rien sur les raisins. Malheureusement, nous n'avons pas pu réaliser les observations jusqu'aux vendanges car un orage de grêle a détruit la quasi-totalité de la récolte", regrette Thierry Grimal, qui préconise cependant de maintenir deux traitements par an, un contre l'oïdium et un contre le mildiou, faute de quoi les maladies dites « secondaires » comme la pourriture noire ou l'anthracnose pourraient devenir plus importantes.
« Sur une échelle de sensibilité à l'oïdium de 0 à 100, le Chardonnay est 100 %, le Merlot 43 % et le Souvignier 12 % », précise Nathalie Goma Fortin de la Chambre d'agriculture de l'Hérault, confirmant la bonne résistance du Souvignier gris à l'oïdium.
Fournisseur d'acide pour assemblages
La résistance aux maladies n'est pas le seul avantage du Souvignier gris. Leur croissance verticale facilite leur déglutition. Il est vigoureux, mais dans les conditions de l'Aude aucun ruissellement n'a encore été observé. En pratique, il est précoce, mais pas trop tôt, car il peut être récolté en même temps que le Chardonnay et donc pendant les heures normales d'ouverture de la cave coopérative du Razès, qui transforme une partie des raisins de la cave en vin.
Autre plus : les vins issus du cépage Souvignier ont une bonne intensité aromatique, typique des agrumes. Le domaine a réalisé trois vinifications avec ce cépage dans son chai expérimental. « Les vins ressortaient toujours avec une acidité assez prononcée », précise le responsable du Domaine de Cazes. Des essais d'assemblage de différentes tailles réalisés avec la Chambre d'Agriculture de l'Hérault ont montré que jusqu'à 15 % le cépage principal n'était pas aliéné, alors qu'il était rafraîchi par l'acidité du Souvignier, avec une finale parfois meilleure.
L'Institut coopératif du vin (ICV), qui a également vinifié ces raisins, rapporte que les baies sont fermes et que le rendement au pressurage n'est pas très bon.
Même si les baies sont roses, aucun transfert de couleur n'a été détecté dans les conditions de travail de l'institut. Des qualités qui n'ont pas échappé aux vignerons de Tutiac (Gironde). Après trois années d'essais menés par la cave coopérative, onze hectares ont été plantés par huit adhérents. « Ce cépage produit des vins blancs très aromatiques », précise le domaine qui souhaite ainsi réduire l'utilisation de pesticides.
Déçu compte tenu de la mauvaise tolérance à la sécheresse
Ils plantèrent Souvignier.
En revanche, les tentatives de L'Occitane à Servian (Hérault) furent moins concluantes. En 2014, avec le soutien du conseil départemental, la coopérative a planté une parcelle test de 1 hectare de Souvignier gris. Depuis, la parcelle a été louée à un jeune vigneron. L'observation est effectuée par la Chambre d'Agriculture et l'IFV. « Nous avons été un peu déçus du comportement du Souvignier gris face à la sécheresse », raconte Alain Selponi du service viticulture de la coopérative, qui estime que le cépage n'est pas le plus adapté au terroir local.
Sa précocité nécessite une récolte à la mi-août. Sur ce site, les rendements n'ont pas atteint l'objectif attendu de 80 hl/ha. « Il est vrai que la variété n'a pas pu être plantée sur le porte-greffe souhaité et les jeunes plants ont souffert de la sécheresse dès leur plantation. Mais s’il faut planter des cépages résistants, on choisira plutôt des cépages français », a-t-il conclu.